Par le petit bout de ma lorgnette, spécial Pape Ale Niang

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Libérez le journaliste sénégalais Pape Ale Niang !

Si on chante les louanges régulièrement, et à juste titre, de la Révolution
française de 1789 on ne doit pas pour autant oublier la période qui suivit,
celle de 1793, qualifiée de « Terreur », dont les Robespierre, Danton,
Marat et consorts ont inspiré les dictateurs des 19 et 20 ème siècle tels que
Lénine en Russie et Pol Pot au Cambodge, et inspire encore aujourd’hui
les tyrans actuels, russes, chinois, coréens, iraniens ou cubains pour ne
citer qu’eux.
C’est au nom de cette même Terreur, que les régimes dictatoriaux et
autoritaires de la planète répriment les libertés, dont la première d’entre
elles, la liberté d’expression et son corollaire la liberté de la presse. Tous
ont en commun leur intolérance à toute contestation, politique, sociale ou
religieuse, oubliant les propos du philosophe Voltaire « même si je ne
suis pas d’accord avec ce que vous dites, je me battrai pour que vous
puissiez le dire ».

On est en revanche beaucoup plus surpris lorsque les poursuites
judiciaires, les arrestations contre les journalistes, émanent d’Etats
démocratiques, comme l’exemple vient de nous être donné par le
Sénégal pourtant réputé comme un des plus pays les plus vertueux
d’Afrique.
C’est bien sa justice en effet qui vient d’embastiller Pape Ale Niang,
administrateur du site d’actualités Dakarmatin.com au motif qu’il a révélé
un scandale d’Etat, à savoir l’achat d’armes, pour 45 milliards de F Cfa,
à un sulfureux marchand d’armes nigérian, commande passée par le
ministère … de l’environnement sénégalais, et non comme il paraîtrait
plus juste par le ministère de la défense ou celui de l’intérieur. En quoi
les garde-forestiers sénégalais ont-ils besoin d’être équipés de fusils
mitrailleurs ? Pourquoi avoir classifié cette transaction du sceau « secret
défense » ? L’Etat sénégalais aurait-il traité avec un trafiquant d’armes ?
Et pourquoi ce contrat n’a-t-il pas fait l’objet d’un appel d’offres comme
c’est l’usage habituellement ?

C’est pour avoir soulevé ce lièvre a travers une enquête du « Consortium
international de journalistes d’investigations » Occrp, que Pape Ale
Niang dort actuellement en prison. En le poursuivant judiciairement et en
le détenant dans une geôle le pouvoir sénégalais, qui assure
actuellement la présidence tournante de l’Union Africaine, envoie un très
mauvais signal et donne de lui une image internationale déplorable. Il
s’honorerait à lever cette détention arbitraire car la liberté de la presse
n’est pas contrairement au permis de conduire un sauf-conduit délivré
par l’Etat, à moins comme disait Voltaire de vouloir exercer la tyrannie la
plus odieuse.

François Mitterand, ancien président de la Vème
République, qui aimait à dire qu’il avait deux avocats, « l’un, Robert
Badinter pour le droit et l’autre, Roland Dumas pour les affaires » (sic)
avait un jour confié « la liberté de la presse présente des inconvénients,
mais moins que l’absence de liberté ». Voilà une parole d’expert que
Macky Sall serait bien inspiré d’écouter.

Jean-Yves Duval, chroniqueur West News, directeur du site d’actualités
Ichrono et de la radio Ichorono FM, rédacteur en chef de radio de la diaspora sénégalaise dans le monde, et ancien membre de
Reporters sans frontière.

 

 

westnews.fr

Article précédentVerrier remporte le cyclo-cross de Parigné-l’Évêque, Lauger le titre de champion de la Sarthe
Article suivantBérengère de Navarre, se dévoile dans une expo