Par le petit bout de ma lorgnette, Ep 8

Par le petit bout de ma lorgnette - Chronique de Jean-Yves Duval
Par le petit bout de ma lorgnette - Chronique de Jean-Yves Duval

Lettre à Raphaël Nadal, dit « le taureau de Manacor »

Cher Rapha, je devrais plutôt dire « très cher » Rapha,
Je t’envoie ce petit mot un brin malicieux au lendemain du tournoi de
Rolland Garros pour te dire un certain nombre de choses que j’ai sur le
cœur.
Et pour que la pilule, biodégradable, soit plus facile à digérer je vais tout
d’abord flatter ton Ego. Tu es sans conteste l’un des meilleurs joueurs de
l’histoire du tennis, ta longévité est exceptionnelle et forcément tu as
amassé un joli pactole sur les différents courts. Normal, si l’on songe que
tu as remporté 91 titres dans ta carrière, dont 21 Grand Chelem. Au total
à trente-cinq ans tu cumules 1042 victoires ce qui fait de toi le deuxième
joueur derrière ton éternel rival Novak Djokovic. Foi d’administration
fiscale, et selon le magazine économique américain Forbes, tu aurais en
contrepartie empoché quelques 128 millions de dollars, sans compter le
jackpot du dernier Rolland Garros, soit deux millions, deux cents mille
euros. Si l’on ajoute à cela tes revenus tirés du sponsoring on arrive à la
bagatelle de 200 millions de dollars. Seul Fédérer te dépasserait et ce
n’est pas sûr.
Comme je suis un peu cocardier je reconnais que que tu affectionnes
Paris au point d’avoir remporté 14 titres à la Porte d’Auteuil, une
suprématie jamais vue. Tu es incontestablement un monstre physique ;
doublé d’une bête tactique et tu as bien mérité ton surnom de « taureau
de Manacor » en référence à la ville où tu as grandi à Majorque.
Pour autant je m’interroge, alors qu’on dénonce régulièrement le dopage
dans le cyclisme, comment se fait-il qu’on n’en parle jamais dans le
tennis. Est-ce parce qu’il s’agit d’un sport réservé à l’élite, une élite qu’on
retrouve aussi dans les gradins (acteurs, médias, show-biz, etc.) que sur
le court Philippe-Chatrier ?
On a bien compris que gravir les cols les plus arides du Tour de France
à toute pompe et remporter les contre-la-montre à la vitesse de l’éclair

afin de retenir l’attention des spectateurs et booster l’audience télé,
nécessitait de s’alimenter avec autres chose que des produits bios. En
revanche, on ne s’inquiète pas de savoir comment tu peux joueur
d’interminables heures sous un soleil brûlant, cogner dans la petite balle
jaune comme un bûcheron des Vosges, et être bodybuildé comme un
lanceur de marteau. Un vrai robot lanceur de balles, sauf que là il ne
s’agit pas d’entraînement. Ce n’est pas compliqué, on croirait voir un
métronome rythmant le Paso doble accompagné de « Han » sonores
gênants pour le public féminin. Il y a là comme un mystère de la
génétique ibérique qui m’échappe.
Le mystère est désormais levé grâce à cette confidence sans complexes
que tu as toi-même fait, « durant la quinzaine, j’ai dû avoir de
nombreuses injections d’anti-douleurs suite à une maladie dégénérative
qui affecte le pied gauche ». Ainsi donc, tu te piques. En revanche cet
aveu a scandalisé les cyclistes qui vont s’aligner le 1 er juillet prochain à
Copenhague au départ de « la grande boucle ».
Comme quoi, on a tous besoin d’un petit remontant.

P.S. Je profite de ce courrier pour te dire que tes différents tics et tocs
m’exaspèrent profondément. Et je ne suis pas le seul. Te voir
constamment entre deux jeux accrocher une mèche de cheveux sous
ton bandeau, relever ton slip et de gratter l’entre-jambe, tapoter la balle x
fois et claquer le bois de ta raquette sur ta chaussure avant de te décider
à jouer enfin c’est horripilant. Je te soupçonne de vouloir déconcentrer,
déstabiliser ton adversaire, je me trompe ? Malin le lynx !

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