Attention aux lendemains qui déchantent !

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Attention aux lendemains qui déchantent !

Voir à La Haye, aux Pays-Bas, à l’institut Nexus, où il s’exprimait devant
des étudiants, des manifestants reprocher à Emmanuel Macron de s’en
prendre aux libertés à l’occasion du projet de réforme des retraites doit
nous interroger. La France ne prétend-t-elle pas incarner depuis la
Révolution française cette valeur suprême qu’est la liberté d’expression,
et de donner des leçons au monde entier.
Quand plus de 60 % de nos compatriotes disent leur hostilité à la
réforme des retraites, que jour après jour des manifestants de plus en
plus nombreux crient leur opposition, que des occupations d’usines,
notamment des raffineries d’essence, se multiplient et que des grèves
d’entreprises bloquent l’activité économique pays, il y a de quoi se poser
des questions.
Quand, une nouvelle fois, au Parlement il a fallu recourir à des artifices
constitutionnels, dont le fameux article 49.3, pour faire adopter un texte
controversé par un grand nombre de députés et de sénateurs, on est en
droit de se dire que quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays.
Quand face à la montée des populismes et autoritarismes, que nous ne
cessons, à juste titre de dénoncer, nous entendons opposer la
démocratie et que dans le même temps on bafoue l’expression
populaire, on se demande dans quel monde on vit.
Dans la constitution de 1958 l’art. 11 prévoir le recours au referendum
afin de permettre aux citoyens de se prononcer sur une question
politique. Neuf ont été organisés sous la 5 ème République, le dernier en
2005, voici dix-huit ans, autrement dit aucun ne l’a été par François
Hollande, ni par Emmanuel Macron. Même François Mitterand qui y était
hostile y a eu recours.
Est-ce à dire que nos récents chefs d’Etat ont peur du verdict populaire,
qui, comme pour de Gaulle en 1969, les renverrait à leurs chères études.
Désavoué, le général a quant à lui quitté l’Elysée le jour même et
regagné Colombey-les-deux-églises. C’est ce qui s’appelle le courage en
politique. Aujourd’hui nous avons un Président de la République qui a
obtenu 38 % des voix aux dernières élections législatives avec une

abstention massive de plus de plus de 28 % et qui s’obstine à faire
passer en force un nouveau régime des retraites rejeté par une majorité
les français.
S’il ne s’agit pas d’un déni de démocratie, de quoi s’agit-il ?
Et pour nous enfumer un peu plus on a créé en 2015, le « referendum
d’initiative populaire » (RIP) sauf que celui-ci est une véritable machine à
gaz qui nécessite pour sa mise en œuvre de recueillir le soutien de 1/5 ème
des membres du Parlement et de 10% du corps électoral, soit environ
4,8 millions de signatures. Autant dire mission impossible !
L’histoire nous enseigne que lorsqu’on méprise à ce point le peuple (vox
populi, vox Dei : voix du peuple, voix de Dieu) la fin est toujours triste car
le seul recours pour se faire entendre reste alors celui de la rue, et
accessoirement de la violence. Or que constate-t-on aujourd’hui sinon
une radicalisation grandissante de la société française.
Le chef de l’Etat ne peut rester sourd et aveugle plus longtemps, il ne
peut davantage continuer à faire preuve de cette arrogance dont il est
familier et Il est plus qu’urgent qu’il apaise les esprits. Faute de quoi il
s’expose à des lendemains qui déchantent. A lui de voir.

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