Par le petit bout de ma lorgnette : Voltaire a-t-il manqué à Dany Leprince?

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

21Par le petit bout de ma lorgnette – Par le petit bout de ma lorgnette 
Voltaire a-t-il manqué à Dany Leprince ?

5 septembre 1994 – Voici vingt-huit ans que dans la Sarthe, à Thorigné-
sur-Dué, une famille sarthoise de quatre personnes était décimée à
l’arme blanche. Seul le troisième enfant du couple, Solène, âgée de
vingt-huit mois, échappa à la tuerie.
L’auteur présumé de ce quadruple assassinat, Dany Leprince qui a21
toujours clamé son innocence, et qui a été condamné à la réclusion
perpétuité en 1997, vient, à 65 ans, de publier un livre intitulé : « Ils ont
volé ma vie ».

Voici un an, en 2021, il a déposé un deuxième recours en révision de
son procès dans l’espoir d’être réhabilité. Alors, l’enquête de
gendarmerie a-t-elle été bâclée comme il le prétend ? son aveu a-t-il
été extorqué ? La justice dans ce dossier n’a-t-elle été qu’accusatoire et
l’instruction uniquement à charge.
L’homme est-il, comme l’ont présenté les experts « psychotique »,
« dangereux » et abruti par le travail, jaloux de la réussite de son frère ?
Y a-t-il là mobiles à un massacre à la feuille de boucher ? Dany Leprince
a été libéré de prison après seize ans de détention, ce n’est pas cher
payé s’il est réellement coupable, c’est hors de prix s’il est innocent.

Depuis les faits, sa mère s’est pendue le 15 juin 2007, après que le père
de sa belle-sœur soit mort de chagrin, ils sont ce qu’on appelle dans le
jargon médiatique des victimes collatérales de cette tuerie abominable
qui n’a cessé de défrayer la chronique judiciaire française au cours des
trois dernières décennies. Quant à Dany Leprince, il s’est remarié en
2018 avec Annie, le couple vit dans le Lot-et-Garonne et il espère un jour
revenir dans la Sarthe où il possède une maison.
Reste une interrogation en suspens : S’il n’est pas l’assassin, ainsi qu’il
le prétend, qui est-ce ? S’ensuit alors un constat terrible, dans ce cas on
aurait enfermé un innocent et le coupable court toujours !

C’est parce que le risque d’erreur judiciaire est terrible que la justice
dans le doute préfère laisser en liberté un présumé coupable que de
condamner un innocent. Il a peut-être manqué à Dany Leprince la
présence à ses côtés du philosophe Voltaire qui permit la réhabilitation
de Jean Calas, un négociant de Toulouse, injustement condamné après
la mort de son fils à être supplicié, étranglé puis brûlé vif sur un bûcher
place Saint-Georges à Toulouse en mars 1762. Un an plus tard Voltaire
obtint la révision du procès après une intervention de Louis XV et Jean
Calas fut déclaré innocent le 9 mars 1765, trois ans, presque jour pour
jour après son exécution. C’est à partir de cette affaire que le célèbre
philosophe écrivit son fameux « Traité sur la tolérance ».
Un jour viendra peut-être, espérons-le, où toute la vérité sera faite sur
l’épouvantable tragédie familiale de Thorigné-sur-Dué, les proches des
victimes pourront alors faire le deuil de la mort de deux adultes et de
deux enfants et ceux-ci reposer enfin en paix.

Quant à Dany Leprince, s’il doit être réhabilité au terme de son deuxième
procès en révision, souhaitons que ce soit de son vivant, contrairement à
Jean Calas.

 

 

 

 

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