Salman Rushdie ou la liberté de conscience et d’expression.

Par le petit bout de ma lorgnette - Chronique de Jean-Yves Duval
Par le petit bout de ma lorgnette - Chronique de Jean-Yves Duval

Attenter à la vie de Salman Rushdie c’est s’en prendre à la liberté de
conscience et d’expression.

Si septembre symbolise la rentrée des classes, c’est aussi l’heure de la
rentrée politique. Oubliés les sujets ludiques de l’été, place aux affaires
sérieuses. Dans la chaleur aoûtienne une actualité m’a touché
particulièrement, je veux parler de la tentative d’assassinat à l’encontre
de l’écrivain Salman Rushdie. Etant journaliste et auteur d’une douzaine
de livres comment ne serais-je pas sensible au fait qu’après avoir publié
« Les versets sataniques » cet homme, américano-britannique, d’origine
indienne, ait fait l’objet en 1989 d’une fatwa, autrement dit d’un appel au
meurtre, de la part de l’ayatollah Khomeiny, décédé depuis.
Il aura fallu trente-trois ans pour qu’un fanatique, un « fou de Dieu »
mette à exécution l’ordre donné par le religieux iranien réfugié en 1978
en région parisienne, à Neauphle-le-château, avant qu’il ne retourne en
Iran pour prendre la tête de la république islamique, au lendemain de la
révolution qui avait chassé de son trône le Shah d’Iran.
Qu’une narration fictionnelle puisse justifier une telle haine, cette même
détestation qui prit aussi pour cibles les dessinateurs et journalistes de
Charlie Hebdo et plus récemment la jeune Mila et l’enseignant Samuel
Paty, défie la raison. Tous ont en commun d’avoir exercé leur liberté de
conscience et d’expression. Les uns et les autres n’ont fait qu’exprimer
leur opinion dans le strict respect de la loi. Ils ont eu pour seul tort de
témoigner de leur divergence sur une certaine idée de la religion.
Ils ont osé dire que l’islamisme, et non l’islam, était une forme de
fascisme qui avait vampirisé une religion. Que les « Frères
musulmans », pour ne citer qu’eux, défendent une interprétation d’un
islam à la matrice totalitaire. Pour avoir eu l’impudence de revendiquer
cette liberté fondamentale certains d’entre eux ont été tués tandis que
d’autres vivent aujourd’hui sous protection policière 24h/24h.
La vindicte contre Salman Rushdie est à ce point hystérique que
l’auteure de Harry Potter, J.K Rowling, a été menacée par un religieux
moyenâgeux du Pakistan, au motif qu’elle a apporté son soutien à
l’écrivain menacé.

Je ne dirai rien ici de ceux qui, dans notre pays, sont les complices de
ces nouveaux barbares. On les présente comme des « islamo-
gauchistes », Toutes les démocraties ont leurs « idiots utiles », comme
en 1939 nous avions nos munichois.
En tant que journaliste écrivain je prétends, avoir le droit de penser,
parler et écrire librement dans le respect de la loi, de ne pas être
d’accord avec le conformisme ambiant et de n’avoir pas à m’incliner
devant quelque diktat que ce soit, celui-ci serait-il l’expression d’un
quelconque obscurantisme religieux.
Nous avons suffisamment à faire avec tous les autocrates de la planète
qui tentent de nous imposer leur idéologie et leur régime dictatorial, pour
ne pas avoir à vivre sous la menace perpétuelle d’une sanction divine,
au seul motif de la parution d’un article, d’un dessin ou d’un livre.
Si Dieu existe, je suis sûr qu’il comprendra.

 

 

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