« … Ils tapent sur des casseroles »

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

« … Ils tapent sur des casseroles » (Version actualisée de la chanson de Philippe Laville – succès de l’été 1982).

Si sous la IIIème République les chefs d’Etat en déplacement dans les
villages étaient reçus au son de la fanfare municipale et par un défilé de
majorettes les choses ont bien changé depuis. Désormais c’est avec un
concert de casseroles qu’Emmanuel Macron est accueilli lors de ses
rencontres avec le bon peuple de France, au point que grâce à tous ces
ustensiles ménagers sa reconversion en 2027 est toute trouvée :
Quincailler. Quant aux paroles de Philippe Laville elles ont été
modernisées : « …Il vit sa vie à l’Elysée, petits fours et whisky. Un euro
pour prendre un selfie lorsqu’il chante en basque la nuiit dans les rues
de Paris. Il vit sa vie comme un vendredi, Philippe Martinez (CGT) est
parti et bientôt ce sera le tour de Laurent Berger (CFDT). Tu le verras
toujours bien dans sa peau … »
Un bref retour en arrière s’impose. C’est dans les campagnes du Moyen-
Âge qu’on a commencé à taper sur des casseroles et des chaudrons
hors des cuisines. L’idée était d’aller les faire raisonner sous les fenêtres
d’une personne qu’on voulait humilier, un veuf remarié avec une jeune
fille par exemple ou un mari cocu. C’était une forme de justice populaire
de l’époque. Sous la Monarchie de Juillet (1830) c’est sous les fenêtres
des députés, à l’exemple d’Adolphe Thiers, et des préfets que les
manifestants exerçaient leur charivari. Ce rituel finira par s’exporter en
Amérique du Sud (au Chili en 1970 à l’encontre du gouvernement
Allende, plus tard contre la dictature de Pinochet, puis en Argentine et au
Brésil) où aujourd’hui encore il est très en vogue. On se souvient plus
récemment, en France, que François Fillon, empêtré dans le
Penelopgate, ne pouvait plus se déplacer sans être accueilli par un
concert de casseroles. Par la suite il a préféré, plutôt que d’ouvrir une
quincaillerie, devenir conseiller d’entreprises russes, ce qui a ajouté une
casserole supplémentaire à sa batterie de cuisine.

Je terminerai cette rubrique musicale hebdomadaire par un clin d’œil au
Consul romain, orateur hors-pair, qu’était Cicéron, mort assassiné le 7
décembre 43 avant Jésus-Christ. On lui doit cette théorie qui n’a pas pris
une ride :
1- Le pauvre : travaille, 2- le riche : exploite le 1 er , 3 – le soldat :
défend les deux, 4 – le contribuable : paye pour les trois, 5 – le
chômeur : se repose pour les quatre, 6 – l’ivrogne : boit pour les
cinq, 7 – le banquier : escroque les six, 8 – l’avocat ; trompe les
sept, 9 – le médecin : tue les huit, 10 – le croquemort : enterre les
neuf et 10 – le politique : vit de ces dix.
Force est de constater que depuis 2000 ans, rien n’a changé. Un bon
conseil en guise de conclusion, si vous souhaitez briller en société,
n’hésitez pas à citer ce texte de Cicéron lors de vos diners en ville et
finissez la soirée par la chanson de Philippe Laville dans sa version
modernisée, je vous garantis un joli succès …Ils tapent sur des
casseroles, il vit sa vie à l’Elysée, petits fours et whisky …

 

 

 

 

 

 

 

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