Des ouvriers capitalistes, quelle idée !

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Imaginez que vous êtes un des employés de l’entreprise de
fabrication de vitrage isolant TIV aux Treize-Septiers, en Vendée, et
que votre patron vous convoque un jour à une réunion, ainsi que
150 de vos collègues. Vous angoissez un peu, vous demandant s’il
ne va pas vous annoncer le dépôt de bilan de la société et par voie
de conséquences inscription prochaine à Pôle emploi.
Le sexagénaire a peut-être jeté l’éponge.
Et là, surprise, voici que Jean-Yves Glumineau, après dix-huit années à
la tête de TIV annonce à la cantonade, premièrement qu’il a vendu
l’entreprise et deuxièmement, qu’en guise de remerciements pour leurs
bons et loyaux services, ils se partageront une prime exceptionnelle de
… 2 millions 680 000 euros, représentant une partie du produit de la
cession de leur boîte.

Vous ne rêvez pas, l’histoire est réelle et elle s’est produite le 15
décembre 2021. Autant dire que tous les salariés sont restés scotchés et
bouche bée en entendant cette déclaration, suivie de cette précision :
« En dix-huit ans notre entreprise à multiplié par cinq son chiffre
d’affaires et le bénéfice ne m’incombe pas, à moi seul, les lauriers
doivent être partagés par tous ». Prenant soin d’ajouter, « ne le prenez
pas pour de la générosité, mais comme de la reconnaissance, je sais ce
que je vous dois ». La prime va être répartie sur trois ans entre tous les
salariés, CDI, comme CDD,
En France il ne fait pas toujours bon être chef d’entreprise, Marx et
Engels sont passés par là, encore moins de gagner de l’argent. En plus
de nos deux célèbres barbus notre civilisation judéo-chrétienne a
toujours considéré « le fric » comme suspect et l’a en mauvaise odeur de
sainteté. Une vision très différente des anglo-saxons où les protestants
ne reconnaissent pas les saints et ne condamnent pas l’argent, pour eux
seul compte l’usage qu’on en fait. Quant à imaginer des patrons sociaux,
alors là on nage en plein délire, surtout s’il s’agit d’une entreprise
familiale, où l’accusation de paternalisme n’est jamais loin.
Et bien oui, il faut se faire une raison, des patrons humanistes ça existe
n’en déplaise à l’extrême-gauche, et tant pis si cette réalité ébranle leur
idéologie et surtout leur fonds de commerce. *

Elle devrait plutôt se réjouir
qu’il existe des salariés heureux. Alors avec les Charlots, chantons «
Merci patron, merci patron, on est heureux comme des fous … »

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