Riches ou pauvres, quand faut y aller, faut y aller !

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Observer les manchots au pôle sud, voler quelques minutes autour de la
Terre, telles sont les nouvelles lubies touristiques inédites pour gens
fortunés disposés à payer à quelques centaines de milliers de dollars,
voire quelques millions, pour éprouver le grand frisson et se distinguer
des colonies de touristes qui envahissent le Mont-Saint-Michel, Venise
où les îles Galapagos, à moins qu’ils ne choisissent une croisière sur un
immeuble flottant.
Voici peu, on a ajouté au catalogue, qui n’est pas celui de la Redoute,
une descente durant quelques heures dans les abysses océaniques, de
quoi vous changer d’une plongée avec un tuba dans la mare aux
canards. Et de ressentir une violente montée d’adrénaline. On a choisi
pour cela un engin, mi-sous-marin, mi-bathyscaphe, non homologué, sur
lequel certains spécialistes avaient signalé de possibles dysfonctionnements.
Son nom : Le Titan, comme Titanic, le ic en moins.
Foin de tout cela, hardi petit, cinq aventuriers intrépides, ou inconscients,
ont décidé de braver les périls et de rejouer Vingt mille lieues sous les
mers, sauf que n’est pas Jules Vernes qui veut. Résultat, une implosion
de l’engin s’est produite entre mille et quatre mille mètres de profondeur
et nos cinq individus ont vu leurs corps éparpillés sur des centaines de
mètres. Ils ont rejoint ceux de l’épave du Titanic, qu’ils étaient censés
aller admirer moyennant 250 000 euros, le prix du billet. Un peu plus
cher donc qu’une place dans un cinéma de quartier pour se faire peur
avec Les dents de la mer.

Leurs cadavres s’ajoutent désormais aux centaines d’autres, parmi les
1500 passagers qui étaient à bord du navire qui a sombré le 14 avril
1912 dans l’Atlantique par 41° 46’ 00’’ nord et 50° 14’ 00’ ouest. Le
Titanic avait vu son étrave d’acier déchirée comme une vulgaire feuille
de papier à cigarette par un iceberg. De profundis !
Pour tenter de sauver les milliardaires du Titan on a déployé un luxe
inouï de moyens et d’hommes et passé le fond de l’océan à la loupe. Si
on avait pu on l’aurait passé au peigne fin. En pure perte.

Pendant ce temps, en Méditerranée, plusieurs centaines d’émigrés
syriens et égyptiens ont péri noyé dans le naufrage de leur barcasse sur
lesquels ils étaient près de huit cents entassés par des passeurs libyens
appartenant à des réseaux mafieux. Amen !
Les secours déployés pour leur venir en aide ? Quelques vedettes de
garde-côtes grecs en maraude dans le secteur, autant dire rien !
Moralité de l’histoire, si tant est que la morale existe dans ce genre
d’histoire, que vous soyez riches ou pauvres, quand c’est l’heure, c’est
l’heure, il faut y aller ! C’est la seule justice car dans ce bas monde la
mort ne fait pas la distinction entre les classes sociales.

 

 

 

 

 

 

 

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