Violences conjugales : carton rouge pour le pilier du XV de France

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Dire que notre société est de plus en plus violente est un lieu commun. On ne compte plus les violences familiales quotidiennes, les viols, les meurtres, les règlements de compte liés à la drogue, les coups et blessures sur la voie publique, les violences routières commises par des chauffards roulant sous l’emprise de l’alcool et/ou de la drogue et plus encore les violences conjugales. Les statistiques dans ce domaine sont consternantes.

Rien qu’en 2021 dans notre pays il y a eu 208 000 victimes de violences conjugales, y compris sexuelles, dont 87 % de femmes. Ce chiffre a quasiment doublé en l’espace de cinq ans et dans 47 % des cas l’auteur était le conjoint ou l’ex conjoint. Quand la haine a remplacé l’amour mieux vaut se séparer que de faire vivre à l’autre un enfer. Et dire que notre société se prétend civilisée, foutaise.

Comment en 2023, peut-on oser battre une femme, un enfant ? Comment expliquer de tels comportements barbares ? Certains mettent en avant l’échec de l’éducation sociétale, peut-être, familiale surement. Qu’est devenu le devoir des parents d’enseigner à leurs enfants le respect mutuel ? Qu’est devenu le temps où on disait « on ne doit pas battre une femme, même avec une fleur » ? Récemment on a appris que la moitié des garçons de 12-13 ans consultaient chaque mois des sites pornos et 20% sont âgés de 10-11 ans. Est-ce ainsi qu’on leur enseigne désormais l’éducation sexuelle ?  Où est passé le contrôle parental ? Comment après cela s’étonner que leurs rejetons veuillent reproduire dans la vraie vie ce qu’ils ont découvert dans le monde virtuel, un monde où la femme est présentée comme un objet, une marchandise. On se souvient du film « Orange mécanique » réalisé par Stanley Kubrick en 1971 et la polémique qui s’en suivit avec cette question : les images violentes favorisent-elle ou dissuadent-elles un jeune public de les reproduire ? Qu’aujourd’hui, aux Etats-Unis, des écoliers puissent tuer leurs camarades et leurs professeurs avec des armes de guerre, ne peut que nous interroger et nous inquiéter. On peut parier que dans quelques temps ces pratiques auront traversé l’Atlantique et seront présentes dans l’Hexagone. Tuer est devenu une chose banale pour ces assassins en herbe, qui n’hésitent pas à se filmer et à diffuser leurs exploits sur les réseaux sociaux. Il faut dire qu’ils ne savent pas faire la différence entre l’hémoglobine factice, à base de sirop de maïs et de colorant alimentaire rouge, et le sang humain. C’est hallucinant et terrifiant.

Par le passé les parents, la religion, l’école inculquaient des valeurs, des bonnes manières, le civisme, aux enfants. Tous ont déserté, en dehors de quelques résistants. Les policiers et les juges, eux-mêmes découragés, baissent trop souvent les bras et abdiquent. Hier, la pratique d’un sport était considérée comme une école de la vie propice à l’épanouissement de la jeunesse, un excellent apprentissage pour les garçons et les filles avant d’entrer dans le monde adulte. Or, que transmettent aujourd’hui nos élites sportives : l’effort, le courage, la solidarité, le don de soi, l’abnégation, la fraternité, la loyauté ? Rien de tout cela, elles renvoient l’image de fortunes insolentes et ont fait de l’argent une valeur cardinale.

On a vu ces jours-ci le pilier montpelliérain de l’équipe du XV de France, aux seize sélections, Mohamed Haouas, commettre des violences sur la voie publique à l’encontre de sa femme. Au prétexte qu’il l’avait surpris à faire une pause-cigarette sur son lieu de travail, alors qu’elle l’avait assuré qu’elle ne fumait pas. Ce motif futile a mis le feu aux poudres.  Pour « ce simple geste de mauvaise humeur » – selon lui – le tribunal l’a condamné mardi à un an de prison ferme. Que quelqu’un de la puissance physique de Mohamed Haouas ose porter la main sur son épouse est proprement ignoble, indigne d’un être humain, qui plus est d’un joueur tricolore. Un seul coup porté par ce colosse aurait pu la tuer, y a-t-il seulement songé ?

L’équipe de France a choisi de ne pas le retenir pour la prochaine coupe du monde de rugby et le club de Clermont, où il devait évoluer la saison prochaine, avec un salaire de 300 000 euros/an, a renoncé à le recruter. C’est heureux. Pour Mohamed Haouas, déjà condamné en 2014 à dix-huit mois de prison avec sursis à la suite de faits de cambriolage avec violences, c’est un double carton : jaune judiciaire et rouge sportif. Peut-être y regardera-t-il désormais à deux fois avant de laisser libre cours à ses pulsions de violence.

 

 

 

 

 

 

 

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