Pierre Palmade, l’humoriste devenu clown triste !

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Pierre Palmade, l’humoriste devenu clown triste !

En matière de justice, tout homme est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable et condamné. C’est là un des principes fondamentaux de l’Etat de droit et à l’heure où tant de dictatures fleurissent sur la planète et remettent en cause les libertés individuelles il serait mal séant d’en discuter le bien-fondé. Plus que jamais ce principe est intangible, coule dans le bronze, car il symbolise les valeurs de la démocratie et nous différencie des régimes totalitaires pour qui les droits de la défense sont superfétatoires, « tout homme poursuivi étant présumé coupable ».

Pour autant dans l’accident de la route dans lequel est impliqué l’humoriste Pierre Palmade20 un des éléments révélé  par les enquêteurs tente a lui imputer une part de responsabilité, en attendant l’établissement de son éventuelle culpabilité. Avoir consommé de la cocaïne est en effet totalement proscrit par la loi, et conduire sous l’empire de stupéfiants est répréhensible car ceux-ci, comme l’alcool, altèrent les facultés de conduite de l’automobiliste. Rappelons que l’usage de la cocaïne est à l’origine chaque année de quelques 700 morts lors des accidents de la route, ce n’est pas anodin et c’est inadmissible, insupportable. Rappelons aussi que par son prix la coke est la drogue des nantis, des privilégiés, des artistes du show-biz, des animateurs de télévision, des cadres de la City, et de Wall-street etc.

Qu’il ait recouru à la « neige » pour améliorer ses performances sexuelles (chemsex) ne sera pas retenu par les juges, qui ne sont pas des moralisateurs,  comme une circonstance aggravante. Cette révélation détériorera seulement un peu plus son image, déjà gravement altérée par son comportement. D’autant qu’en la matière Palmade n’est pas un perdreau de l’année et la réalité l’a rattrapé. Sauf que là,  il y a eu la mort d’un innocent, un fœtus qui ne demandait qu’à vivre, et sur qui les ténèbres se sont abattus avant même qu’il n’ait vu le jour. Si je voulais paraphraser Shakespeare je dirai : «  Naître ou ne pas naître, telle est la question !  ».

Palmade ne nous fait plus rire, et peut-être ne fera-t-il plus jamais rire personne car en fonction du jugement qui sera rendu il y a gros à parier que s’il est reconnu coupable, les spectateurs déserteront en grand nombre ses tournées. A l’image de ce qui s’est passé pour Bertrand Cantat, le leader du groupe de rock « Noir Desir » après le meurtre de sa compagne Marie Trintignant. C’était il y a vingt ans. A la seule différence qu’il s’agira d’un « homicide involontaire » et non comme pour Cantat d’un homicide volontaire.

Ainsi,  « s’il est reconnu coupable » et responsable, au-delà de la sanction judiciaire Pierre Palmade sera    condamné par le public, Vox populi, Vox Dei, de nombreux fans l’abandonneront, ce qui représentera d’une certaine façon une double peine.

Certains trouveront cela peut-être injuste, mais tel le prix de la notoriété, on ne peut pas tout avoir, le beurre, l’argent du beurre et la crémière en plus. Pendant des années l’humoriste a jouit de sa popularité, aujourd’hui celle-ci lui vaut déjà d’être conspué, vilipendé, parfois cruellement, sur les réseaux sociaux. Les médias eux-mêmes,  qui hier l’encensait, le crucifie aujourd’hui. Quant à ses amis  si prompts à lui pardonner ses frasques ils préfèrent  garder un un silence prudent.

Sa notoriété ne le protège plus, au contraire elle l’expose !  Il doit en assumer les risques et personne ne souhaite les partager avec lui, pas plus qu’ils n’ont partagé  sa célébrité lorsque son nom brillait en haut de l’affiche. Chacun se doit d’assumer ses actes. Mais au-delà de ce désamour des spectateurs, si Pierre Palmade venait à être condamné, il aurait  surtout un lourd fardeau à porter pour le restant de sa vie, celui de la mort d’un nouveau-né en devenir  et d’une mère dévastée par le chagrin, empêchée  d’enfanter par l’irresponsabilité d’un conducteur addicte  à la cocaïne et qui aimait trop la fête. Sa croix sera lourde, le chemin tortueux et à l’heure où le rideau va tomber sur la scène il ne restera qu’un clown triste, et la coke ne lui sera d’aucun secours.

Les paradis artificiels ont un coût, qu’il a eu le tort d’ignorer, ou de négliger, comme il a eu tort d’oublier que dans l’expression «  paradis artificiels » il y a artificiel. La fête est finie !

 

 

 

 

 

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