France, qu’as-tu fait de ta démocratie ?

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Au cours de la dernière semaine de septembre trois évènements m’ont
particulièrement interpellé.
Le premier est le retrait décidé par Emmanuel Macron, au nom de son
pouvoir régalien, de notre ambassadeur au Niger Sylvain Itté victime
d’un véritable siège de son ambassade par la junte militaire au pouvoir le
26 juillet dernier à la suite d’un putsch. Plus habitué aux réceptions avec
des Ferrero Rocher qu’à des rations combat, celui-ci n’était plus le
bienvenu à Niamey. De même que les 1 500 militaires français
stationnés sur la base aérienne considérés comme persona non grata.
Son retour à Paris en catimini, presque à la sauvette, constitue un
véritable camouflet pour la France. Nous étions présents dans différents
pays du Sahel à la demande des pays en question en fonction des
accords de défense passés avec les autorités en place, et pour lutter
contre le terrorisme, et par voie de conséquences protéger l’Hexagone
d’éventuelles opérations commandos ou suicides.
Question : Ce retrait du Mali, du Burkina Faso, du Niger etc. ne risque-t-il
pas d’être la porte ouverte à de nouveaux attentats meurtriers en France
au cours des mois à venir.
A-t-on bien mesuré les risques de cette reddition en rase
campagne et le prix qu’il nous faudra payer ?
Le second est l’annonce faite jeudi dernier par le même président de la
République lors de son voyage en Corse d’une prochaine autonomie de
l’île. Question : Comment peut-on ainsi avaliser les revendications des
nationalistes, qui hier encore recouraient à l’action armée contre la
République, en faveur d’une séparation de la Corse avec la France ?
Que fait-on du principe fondateur d’une France « une et indivisible »
gravée dans le marbre de la constitution ? Cette annonce a d’ailleurs fait
immédiatement tache d’huile, le président de la région Bretagne ayant
lui-aussi réclamé l’application d’une telle mesure. Questions : A quand
les mêmes exigences de la Savoie, du Pays Basque, de l’Alsace ou de
la Lorraine ? A ce rythme-là que restera-t-il demain de l’Hexagone ? La
République entendrait-elle restaurer les provinces, les comtés et les
baronnies comme sous l’Ancien régime ? Soulever le couvercle de la
boîte de Pandore est facile, il va être plus difficile de le refermer.
Et le troisième concerne la décision du gouvernement d’organiser pour la
rentrée 2024 des cours d’empathie dans les classes dans le but de
sensibiliser les enfants aux émotions, les leurs et celle de leurs
camarades, afin de lutter plus efficacement contre le harcèlement
scolaire. Il est clair que les mesures répressives, là comme ailleurs, ne
suffisent pas et il est essentiel de prévenir des actes qui peuvent
conduire des jeunes au suicide. C’est une excellente initiative qui est
déjà appliquée au Danemark … depuis 1993 aux jeunes Danois de 6 à
16 ans, mais aussi aux Pays-Bas, en Suède, en Belgique ou en
Roumanie, depuis des années. Question : Pourquoi en France faut-il
attendre trente ans pour réagir, alors qu’il aurait fallu agir depuis
longtemps, de même qu’il faut attendre plusieurs morts sur des lieux
accidentogènes avant de se décider à installer un rond-point sur la route ?

Je rappelle la définition de la démocratie, dont Churchill disait qu’elle est
le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres, « le gouvernement
du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Aujourd’hui les français en
votant tous les cinq ans donnent mandat au chef de l’Etat de décider
pour eux, en tout et pour tout durant 1825 jours ou 43 800 heures. Inutile
donc de se plaindre, il nous est juste permis d’être mécontent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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