Quand les adultes tuent les rêves des enfants.

Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval Dessin Philippe Morelle
Par le petit bout de ma lorgnette -  La chronique de Jean-Yves Duval - Dessin : Philippe Morelle

Quand les adultes tuent les rêves des enfants.

Les fêtes de fin d’année sont proches, Noël et le jour de l’An,
particulièrement appréciées des plus jeunes d’entre nous, mais aussi
des adultes qui ont conservé une âme d’enfant. Je suis très heureux de
compter parmi ceux-ci tant je me méfie de cette créature erronée qu’est
l’homme, dont le romancier italien Dino Buzzati, (Le Désert des
Tartares), prétend, à juste titre, « qu’il est une malformation de la
nature ». Si les animaux avaient la parole (une utopie décrite par
l’écrivain anglais George Orwell dans son livre « La ferme des
animaux ») ils vous diraient d’ailleurs que l’homme est la seule espèce
capable de détruire la planète sur laquelle il vit, et ils auraient raison.
N’est-ce pas Pierre Desproges qui disait : « Plus je connais les hommes,
plus j’aime mon chien ».
On comprendra donc qu’il m’arrive de rêver à ce personnage d’Oscar
que Gunter Grass, grand écrivain allemand, met en scène dans son livre
« Le Tambour ». Oscar est ce garçonnet de Dantzig qui le jour de ses
trois ans renonce à grandir. On peut le comprendre, car qu’est-ce que la
vie sinon le plus souvent une succession d’épreuves, de malheurs, de
cruauté, de désillusions, de séparation, de maladies, de famines et de
guerres.
C’est pourquoi la petite histoire qui suit se veut une plongée dans le
monde de l’enfance, … actualisée à l’époque actuelle.
Il avait neigé toute la nuit, du coup le fils de mon voisin, que nous
appellerons Max, avait fait un bonhomme de neige devant la maison
familiale. A peine l’avait-il terminé qu’une féministe, en le découvrant,
demanda au jeune garçon : « Pourquoi n’as-tu pas plutôt fait une femme
de neige ? ». Après un temps d’hésitation Max fabriqua une femme de
neige à côté de son bonhomme. Un peu plus tard, alors qu’il contemplait
ses deux créations, un couple d’homosexuels du quartier s’arrêta et lui
reprocha de n’avoir pas fait deux bonhommes, ou deux femmes de
neige. Il les entendit grommeler « c’est de la discrimination ! » Max
n’aurait jamais imaginé qu’il était aussi difficile de faire un bonhomme de
neige.

C’est alors qu’un de ses voisins, un noir, s’arrêta à son tour devant son
bonhomme et s’exclama : « Pourquoi toujours faire un bonhomme de
neige blanc ? Le garçonnet lui répondit avec candeur qu’il n’avait encore
jamais vu de neige noire, l’autre murmura : « C’est du racisme !» Max
sentait la tête lui tourner, il était loin d’imaginer en faisant son bonhomme
de neige qu’il serait confronté à de telles difficultés, alors que quelques
instants plus tôt il était très fier et tellement heureux de cette neige
tombée au cours de la nuit. Il pensait qu’il pourrait enfin se livrer à une
bataille de boules de neige en prenant son bonhomme pour cible, quand
un des voisins de ses parents, connu pour être musulman, lui demanda
de couvrir la tête de sa femme de neige d’un foulard, « sinon il la
détruirait ».

L’histoire aurait pu s’arrêter là si des gilets jaunes, qui manifestaient non
loin de là, lui recommandèrent « vertement » d’enfiler un gilet jaune à
ses deux personnages, faute de quoi « ils les feraient fondre ». De peur
d’inonder la pelouse de ses parents, le garçon s’exécuta, se disant qu’au
moins ils ne les brûleraient pas car en dépit de son jeune âge il savait
que la neige ne peut pas brûler, pas plus que la neige n’est noire.
Max n’en n’avait pas pour autant fini avec la bêtise des gens car à peine
s’apprêtait-il à faire découvrir à ses parents ce qu’il avait fait qu’un
individu qui se présenta comme végétarien lui reprocha la carotte qui
servait de nez à son bonhomme « les légumes sont de la nourriture et ne
doivent pas servir à cela ! »

Les minutes passèrent et quand les parents de Max sortirent de la
maison pour contempler la réalisation de leur fils ils découvrirent deux
tas informes de neige. Max avait préféré détruire ses créations qui
étaient la cause de tant de reproches, dégoûté à tout jamais de faire un
autres bonhomme de neige.

Cela pourrait être un conte de Noël, en réalité ce petit texte est plutôt
une allégorie sur la période, intolérante et violente, que nous vivons, où
par leurs actes irréfléchis les adultes ne cessent de tuer les rêves des
enfants.

 

 

 

 

 

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