Rhoda Scott Mercy ! Fêtera son anniversaire le 3 juillet prochain. “Jazz sous les étoiles”

La nonagénaire du Lady Quartet sera accompagnée de quelques perles musiciennes du Jazz à la française.

JAZZ SOUS LES ETOILES

à partir de 22.00 €

Rhoda Scott a ouvert la 6e saison du festival Jazz dans les Prés au mois de mars 2020.
Trois concerts sont prévus autour de Creully (Calvados), Flers (Orne) et Saint-Lô (Manche).

La 6e édition accueille la chanteuse de jazz américaine Rhoda Scott :
Maîtrise, énergie et timbres épais, Rhoda Scott est un mythe vivant de l’orgue Hammond. Encerclée de deux monumentales cabines Leslie et aux manettes d’un B3, elle sautille, toujours pieds nus conformément à sa légende, pour faire groover son clavier de basse et son double clavier d’orgue en assurant un swing « bluesy », aéré et percutant… Groove et swing à l’infini !

Tarif : 14 €.
• Vendredi 13 mars 2020 – 21 h autour de Creully-sur-Seulles (14). Achetez vos billets en ligne : https ://www.helloasso.com/associations/ferme-culturelle-du-bessin/evenements/vendredi-13-03-jazz-dans-les-pres-invite-rhoda-scott-autour-de-creully
• Samedi 14 mars 2020 – 21 h autour de Flers (61). Achetez vos billets en ligne : https ://www.helloasso.com/associations/ferme-culturelle-du-bessin/evenements/samedi-14-03-jazz-dans-les-pres-invite-rhoda-scott-autour-de-flers

Retrouvez l’agenda des concerts 2020 de Rhoda Scott avec les dates de sa tournée.
Découvrez également les titres de Rhoda Scott en MP3 avec des extraits du dernier album de Rhoda Scott.
Ces villes accueilleront prochainement Rhoda Scott en concert : Gaillac, Montlouis sur Loire, Paris, Chateaurenard.

Eric Delhaye Télérama
Publié le 02/07/18 mis à jour le 09/06/20

A 8 ans, elle découvre un orgue Hammond dans l’église de son père. Elle est bouleversée. Depuis, la Franco-Américaine, débarquée à Paris en plein Mai 68, a fait carrière en exploitant son talent sur un répertoire éclectique.
Elle fête ce 3 juillet ses 80 ans en tournée, à la tête du Lady Quartet, qui réunit plusieurs des meilleures musiciennes du jazz français.

Rhoda Scott est considérée actuellement comme la plus grande organiste de jazz au monde. Née aux Etats-Unis, fille aînée d’un pasteur itinérant, Rhoda Scott grandit dans l’ambiance des petites églises noires de la côte-est. Elle débute chez Count Basie à Harlem où elle est adoptée par tous les grands du jazz.

Rhoda Scott est née un 3 juillet. C’était il y quatre-vingts ans, et le public français fête son anniversaire au cours d’une tournée démarrée à Coutances en mai dernier, qui passe par Jazz à Vienne le 3 juillet et la mènera au festival parisien Jazz à la Villette le 7 septembre. L’organiste montera à chaque fois sur scène avec le Lady Quartet, une formation 100 % féminine de haut vol, aux manettes de laquelle elle force le respect, avec d’autant plus de mérite que le jazz français ne lui a pas toujours accordé sa reconnaissance.

Dans les années 1970, Rhoda Scott jouait Tico Tico à l’arrière d’une jeep militaire dans une émission des Carpentier, entonnait L’Hymne à l’amour sur la scène de l’Olympia, et chantait C’est si bon dans une version disco qu’elle n’assumait pas : « Je n’étais pas moi-même », dit-elle encore aujourd’hui. Drôle de trajectoire pour cette femme qui grandit dans une famille pieuse de sept enfants, au fil des déménagements imposés par son père, pasteur itinérant dans les églises du New Jersey. Ses deux parents jouaient du piano, dont les logements des presbytères étaient systématiquement pourvus. Mais l’enfant de 8 ans se passionna pour un instrument mystérieux, inventé une décennie plus tôt : un orgue Hammond. « Je suis allée le voir quand l’église était vide. En enfonçant les touches, aucun son ne sortait. J’ai réussi à le mettre en marche puis, en manipulant les boutons, j’ai pu actionner les deux claviers. C’était fascinant. Mais il y avait un troisième clavier au sol. C’est alors que j’ai enlevé mes chaussures, pour le tâter de mes pieds. » Ayant continué de jouer déchaussée, Rhoda Scott deviendra « The Barefoot Lady » (la femme aux pieds nus), une formule marketing qui inspirera le bon mot du contrebassiste Luigi Trussardi : « Elle a l’orteil absolu. »

“Je ne savais même pas ce qu’était le jazz”

Autodidacte jusqu’à « 17 ans et demi », Rhoda Scott jouait des gospels, des negro spirituals, des cantiques, les succès de Broadway, les tubes de Ray Charles, Chuck Berry ou Little Richard qui passaient à la radio, et le Prélude en do dièse mineur de Rachmaninov – « Je ne savais même pas ce qu’était le jazz. » Ayant obtenu une bourse pour étudier au Westminster Choir College de Princeton, elle découvre les contrepoints harmoniques du XVIIIe siècle, puis lâche tout. Devenue comptable tout en pianotant dans un cabaret, elle y est repérée par Count Basie, qui l’embauche dans son orchestre en résidence dans un club de Harlem. Diplômée de la Manhattan School of Music, puis élève (à Fontainebleau) de Nadia Boulanger qui lui reproche de ne pas suffisamment maîtriser les bases classiques, elle est finalement signée par Eddie Barclay qui l’a découverte avec Basie. Voilà comment Rhoda Scott débarque à Paris, en mai 1968 : « J’avais un studio dans la rue du Bac, et ma propriétaire de 70 ans, encore traumatisée par la guerre, m’envoyait acheter de l’huile et du sucre par peur du rationnement. Je suivais les manifestations sur le boulevard Saint-Germain et je voyais des étudiants tenter de renverser un bus, avec l’aide des passagers qu’ils venaient de faire descendre. Je me suis dit : “Les Français sont fous.” Mais c’était sympathique. »

Rhoda Scott dans l’émission “Numéro Un” sur TF1, le 1er juin 1977.

Rhoda Scott dans l’émission “Numéro Un” sur TF1, le 1er juin 1977.

Keystone/Hulton Archive/Getty Images

Le Quartier latin, ses pavés et ses clubs de jazz. Rhoda Scott se produit régulièrement au Bilboquet dont elle épouse le directeur, Raoul Saint-Yves (un proche de Barclay), en 1969. A sa grande surprise, des gens sérieux décrètent ce qui est jazz et ce qui ne l’est pas, selon qu’elle joue tel ou tel morceau. « J’étais vexée que l’on veuille me mettre dans une case. Jusqu’au soir où Harry “Sweets” Edison et Eddie “Lockjaw” Davis, deux anciens membres de l’orchestre de Count Basie, m’ont rejointe sur scène après leur concert au Méridien, en suggérant que l’on joue un morceau de Stevie Wonder. Le fait que ces grands jazzmen jouent un tel morceau m’a confortée dans ma vision décloisonnée de la musique. »